• Chronique d'un millésime

     

    Chronique d'un millésime

    vigne

     

    Mi-Octobre 2012 voilà la fin d’une saison,la fin d’une vie viticole pour nos raisins,mais le début d’une saison vinicole pour un nouveau millésime.

    Dans quelques semaines, une fois les feuilles tombées, la sève redescendue au plus profond de la plante, notre côte viticole se verra affublée de son cordon de brouillard. Bougeant au rythme des vents, ne laissant entrevoir que de rares instants, un soleil taquin qui préfère se laisser désirer, que d’éclairer nos vignes endormies.

    Ce sera la période de la taille, et par de courtes journées, nous attaquerons une nouvelle saison, un nouveau millésime, une nouvelle aventure.

     

    Nous sommes donc dans une période de transition, et je l’avoue aussi, une période de repos et de calme pour toute l’équipe.

    Cette redescente de pression est tout aussi impressionnante que le stress que nous a généré une année particulièrement éprouvante.

    Je ne vais pas le cacher, j’abordais les vendanges cette année avec un mélange de sentiments confus.

    L’anxiété habituelle : est-ce que l’on va réussir, j’espère qu’il n y aura pas de problème.

    Une démoralisation : les différents épisodes de l’année ont sérieusement entamé la récolte.

    De l’excitation : encore un millésime !  On travaille une année pour ces 10 jours d’activités intenses et passionnantes, c’est grisant.

     

    table de tri bis

     

    De l’abattement : toute cette campagne dure moralement, et physiquement éprouvante, pour

    au final une vendange qui s’annonce maigre et abimée. La tâche va être 2 fois plus grande pour un résultat deux fois moindre.

    Au final une certaine satisfaction : on y est, ça va commencer, on est prêt, et on va faire notre maximum.

    Nous y voilà, les vendanges sont terminées et les vins finissent leur fermentation, dégageant une dernière fois du CO2, tel un soupir avant de s’endormir. La cave se refroidit petit à petit, les tonneaux sont rangés, alignés sur les mares. Un calme pesant nous envahit et nous perturbe. On troque le sécateur à vendange contre le sécateur de taille.

    Je ne vais pas revenir sur cette année, et encore une fois me plaindre d’une nature peu à même à nous épauler.

    Je voudrais en fait me réjouir.

    Me réjouir tout d’abord d’avoir encore une fois essayé de faire du vin. Et d’avoir eu l’occasion de le faire.

    Me réjouir surtout d’être en 2012.

    Aujourd’hui, matériel performant dans les vignes, modélisation des maladies et bonne connaissance des différents cycles et stades de celle-ci, ont permis de sauver une bonne partie de la récolte et du feuillage.

    En cuverie la table de tri a fait son œuvre, c’est sûrement le meilleur allié cette année. Les raisins les plus abîmés ont été écartés et il ne reste que les meilleurs.

    N’oublions pas que certains millésimes dans le passé, ont été totalement anéantis suite à des attaques de maladies, ou des incidents climatiques. 

     

    cuve

     

    Nous arrivons donc à un constat qui me plait : une très petite récolte, c’est indéniable, mais des vins qui semblent être d’une grande qualité.

    Une petite anecdote tout de même qui reflète bien le millésime.

    Nous produisons normalement plusieurs petites cuvées de rouges : Meursault, Chassagne, Santenay et Bourgogne.

    Cette année, chaque cuvée s’est retrouvée très faible en volume.

    Il est très difficile de travailler des petits volumes en rouge: difficultés liées à l’extraction, à la gestion des températures….

    J’ai donc décidé de ne faire qu’une cuve et de déclasser les Meursault, Chassagne et Santenay en Bourgogne. 

    Je vous laisse imaginer ce que peuvent faire ces appellations avec un rendement moyen de 15 HL / Ha, pour produire une cuvée de Bourgogne rouge. A suivre dans quelques mois, mais je vous assure que c’est déjà très prometteur.

    Enfin je tenais à préciser un « bruit de contours » relayé ici ou là sur une explosion des prix du millésime 2012. Pour l’instant, rien n’est décidé et il est hors de question de parler de prix de vente des vins, au moment où je vous parle. Nous verrons tout cela en temps voulu. Il y aura peut être une petite augmentation, mais qui ne sera sûrement pas si importante que ce qui se dit. Rien de mis en place à ce jour.

    Concentrons-nous sur la période d’élevage qui commence, chaque chose en son temps. Laissons la rumeur se propager, car comme toutes les rumeurs, elle n’engage que ceux qui la colportent.

     

     

     

    Philippe Bouzereau


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